Photographie Gildas Bourdais ©
Les dossiers ufologiques que nous vous proposons sont des documents exclusifs que vous ne trouverez pas en-dehors de ce site sans l'autorisation des ayants droits.
Il s'agit de documents provenants de sources premières : photographies originales et non copiées sur le web. Vous y découvrirez des dossiers d'enquête originaux sur de grandes affaires OVNI de notre époque. Nous avons sélectionné des dossiers qui sont soit en Français, en Anglais selon les sources.
Nous avons sélectionné également des affaires où des orbes semblent être présents au côté d'OVNI "traditionnels".
Autre exclusivité un dossier exceptionnel présentant des photos originales sur l'affaire de Roswell et non des copies d'internet. Vous pourrez ainsi prendre connaissance des acteurs et des lieux qui ont été au centre de ce dossier irrésolu à ce jour.
Nous vous souhaitons une bonne lecture des dossiers ufologiques exclusifs de source première de notre site.
Nous remercions l'ufologue Gildas Bourdais sans lequel ce travail de présentation en exclusivité n'aurait pas été possible.
Trinity. Le secret le mieux gardé
Livre de Jacques Vallée et Paola Harris (deuxième édition, septembre 2021)
Notre de lecture de Gildas Bourdais
Une nouvelle histoire d’ovni accidenté, d’origine extraterrestre ?
Ce « secret le mieux gardé », est, selon les auteurs Jacques Vallée et Paola Harris, l’accident d’un ovni en 1945 au Nouveau-Mexique. L’histoire a été révélée, tardivement dans les années 90, par deux témoins, José Padilla et Remigio Baca, enfants de sept et neuf ans à l’époque. Ils avaient observé un crash d’ovni le 16 août 1945, près du site d’essai « Trinity » (alias « Ground Zero ») de la première bombe atomique, sur le terrain de White Sands au Nouveau-Mexique, qui avait eu lieu un mois plus tôt, le 16 juillet. Le titre du livre suggère un lien entre les deux événements, sur lequel les auteurs insistent tout au long du livre. Paola Harris, qui a recueilli et enregistré leurs témoignages, a fait ensuite équipe avec Jacques Vallée pour écrire ce livre étonnant Trinity. Le secret le mieux gardé. Je dois avouer que, connaissant Paola Haris que j’ai rencontrée plusieurs fois, en Italie (Saint-Marin), en France et aux Etats-Unis, j’ai eu un choc, tellement ils sont différents l’un de l’autre. Paola est très lancée, contrairement à Vallée, sur les histoires d’ovnis extraterrestres. Je n’ai pas été le seul à être choqué car le livre, qui pose beaucoup de questions, a suscité une assez vive polémique aux Etats-Unis.
Je me suis trouvé impliqué dans ce débat, qui a été provoqué notamment, en France, par une critique de l’Américain Donald Schmitt, sous le titre provoquant : « The Passport to Magonia Ends at Trinity » (« Le passeport pour la Magonie expire à Trinity ») … Schmitt est connu comme coauteur, d’abord avec Kevin Randle, puis avec Thomas Carey, de livres sur le crash de Roswell que je trouve excellents. Je connais ces auteurs, je les ai rencontrés plusieurs fois aux Etats-Unis, je les respecte. et je me suis appuyé sur eux dans mes propres livres sur Roswell. Je le dis tout de suite : le crash supposé d’un ovni près de Roswell, en juillet 1947 (pas en 1945 !), que j’ai longuement étudié depuis les années 90, est selon moi un cas d’une crédibilité exceptionnelle, contrairement à ce que laisse entendre Vallée qui s’emploie à le minorer tout au long du livre. Il commence dès l’avant-propos, en citant son ami Ron Brinkley, connaisseur de l’ufologie et du Nouveau-Mexique, lors d’une conversation à San Antonio (dont nous allons reparler). Je le cite : « Oublie tout ce que tu as entendu sur le fameux crash de Roswell. C’est un cas très important, évidemment, mais il est survenu deux ans plus tard ; il y a beaucoup d’histoires contradictoires à son sujet, mais aucune preuve tangible ne subsiste. Personne n’était là pour voir tomber l’engin. »
Par contre, Paola Harris, que j’ai rencontrée notamment à Roswell, en 2007, était tout à fait convaincue, comme moi, de la réalité du crash. Il y avait notamment, à la même table, le Dr Jesse Marcel Jr qui avait eu en main des débris, rapportés pas son père du ranch Foster ! Mais revenons à « Trinity ». Jean Librero, ayant reçu l’article de Schmitt en anglais, m’a proposé de le traduire en français, Je l’ai fait et je l’ai envoyé à quelques correspondants en France. Il a été publié, avec mon accord, sur le site « Ovni Paris » de Patrice Galacteros (bien qu’il n’aime pas l’article !), et sur le site « UFO Conscience » d’Olivier de Sedona. Il devrait être publié également par Jean-Louis Lagneau dans un prochain numéro de la revue LDLN.
Cette critique de Donald Schmitt, sévère mais polie, a été mal reçue par certains, à commencer par Jacques Vallée, bien sûr, qui a répliqué d’une manière virulente, dans un article intitulé « Les autres leçons de Trinity». Il accuse Schmitt et d’autres critiques du livre, sans les nommer, de faire quasiment de la désinformation ! Vallée, est venu par ailleurs à Paris, où il a présenté son livre avec un certain succès. Joël Mesnard, pour sa part, en a fait l’éloge dans la revue LDLN. (No 445 , août-septembre-octobre 2021). J’ai eu un long échange téléphonique avec lui, qui est un ami de longue date, et il m’a exposé ses raisons d’être séduit par cette bien curieuse histoire. Cependant, d’autres documents ont circulé, notamment un rapport technique de James Clarkson, sévère et sceptique, au Mufon, le grand organisme d’enquêtes américain dont je cite plus loin la conclusion, J’ai fait moi aussi une critique, courte car je n’avais pas lu le livre, ce que l’on m’a reproché à juste titre. J’ai donc pris mon courage à deux mains et j’ai lu ce gros livre de 360 pages (dans la deuxième édition, datée de septembre 2021). En bref, je ne cache pas mon scepticisme sur cette histoire, et je vais essayer d’expliquer pourquoi. Mais ce livre a aussi quelques aspects positifs, ou au moins intéressants, et je vais commencer par citer l’un d’eux.
Des études très secrètes sur les ovnis …
Ce livre m’a irrité mais j’ai bien fait de le lire jusqu’au bout car il y a une surprise vers la fin, dans la « Conclusion », à la page 296. Déjà, à la page précédente, Jacques Vallée raconte comment, en avril 1965, le Dr J. Allen Hynek, son « patron » à la commission « Livre Bleu », était revenu en colère de Washington car il avait été mal reçu par un certain Donald Rumsfeld, membre du Congrès (et futur ministre de la Défense !), qui lui avait dit : « Docteur, vous n’avez pas le besoin de savoir ! » (expression consacrée : « the need to know ») Ainsi, Hynek, conseiller scientifique de la commission « Livre Bleu », n’avait pas accès à toutes les informations sur les ovnis et se voyait renvoyé à ses chères études par un député, sans doute bien informé… Mais, en décembre 2002, beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts car, cette fois, le physicien Eric Davis, collègue de Vallée au groupe de recherche NIDS de Robert Bigelow, a pu avoir un long entretien, confidentiel et fort intéressant, avec un haut responsable du Pentagone, l’amiral Thomas Ray Wilson. On connait le contenu de cet entretien car il y avait une copie des notes de Davis dans les archives de l’astronaute et physicien Edgar Mitchell, lui aussi collaborateur de NIDS, décédé en 2016. Cet épisode remarquable a été rapporté en particulier par l’excellent ufologue et historien Richard Dolan, que je connais également et auquel Vallée fait d’ailleurs référence. Je cite Vallée, sur un point qui nous intéresse ici directement (page 296) :
« Wilson aurait expliqué au Dr Davis comment il avait appris, lors d’une réunion avec le commandant le la marine Willard Miller et d’autres personnes, le 9 avril 1997, qu’il y avait effectivement une organisation « deep black » aux Etats-Unis, étudiant activement des technologies et des cadavres supposés « extraterrestres ».
Voilà : c’est Jacques Vallée qui nous raconte cela, à la fin de son livre Trinity. L’homme qui a été si longtemps sceptique sur l’hypothèse de visites extraterrestres, alias « HET » ! Je rappelle seulement ses fameux cinq arguments contre l’HET dans son livre Autres dimensions, (1989 chez Robert Laffont et 1991 chez J’ai Lu). qui ont beaucoup fait pour la mettre en doute auprès de nombreux lecteurs. On dirait qu’il y a du changement dans l’air. Incidemment, Vallée connait bien Eric Davis puisqu’ils ont écrit un article ensemble, dont il a publié le texte intégral sur son site WWW.jacquesvallee.net
Veuillez excuser ce long préambule, qui me semble utile cependant pour mettre le livre « Trinity » en perspective : il raconte bien, avec Paola Harris, une histoire d’ovni accidenté, avec des petits êtres que l’on peut, à bon droit, supposer « extraterrestres » ! Mais je vais souligner, maintenant, que, contrairement à Roswell et ses dizaines de témoins crédibles, le dossier de Trinity est mince.
Une histoire avec très peu de témoins
Il y a deux témoins principaux, José Padilla, neuf ans à l’époque, et son ami de sept ans « Rémé » (Remigio) Baca. En 1945, ils vivaient dans des fermes proches du site supposé du crash, et gardaient des troupeaux, à l’ouest du hameau de San Antonio, situé dans la vallée du Rio Grande, au sud de la petite ville de Socorro. Le crash aurait eu lieu à moins de 30 kilomètres au nord-ouest de Trinity (page 11), près du ranch de la famille Padilla. Le livre ne donne pas de carte précise, ce que je regrette car je connais un peu les lieux, étant passé par là en voiture en 1995, depuis Albuquerque jusqu’à Roswell, situé à environ une heure de route vers l’est. J’avais même déjeuné à Socorro, et j’avais remarqué que la vallée est bordée à l’ouest par d’assez hautes montagnes.
Paola Harris a eu de nombreux entretiens avec ces deux témoins, dont le premier, avec « Rémé » Baca, a eu lieu le 5 juillet 2010, suivi d’un entretien téléphonique avec José Padilla (page 16). En bref, les deux hommes ont raconté qu’ils avaient entendu une explosion, puis avaient vu s’écraser l‘ovni, sur les hauteurs à l’ouest de la vallée dans l’après-midi du 16 août. Il avait fait une « grosse entaille » dans le sol et l’avait brûlé en dégageant beaucoup de fumée. L’ovni était assez gros, environ 8 m de long, en forme d’avocat, et il y avait une brèche sur le côté. Les deux garçons s’en étaient approchés et avaient observé avec des jumelles trois petits êtres qui qui s’agitaient autour de l’ovni, en poussant de petits cris ! Leur description de ces êtres est assez « classique » en ufologie - corps très mince, grosse tête … - et ils semblaient « glisser » sur le sol, un détail que l’on retrouve dans des histoires de « rencontres rapprochées » et d’enlèvements. Quant ils étaient rentrés à la maison, leur père leur avait dit de surtout ne rien raconter. Le lendemain, ils n’étaient même pas retournés sur le site, retenus à la ferme pour des travaux de « jardinage » Ils étaient revenus le surlendemain, samedi 18 août, avec le père de José, Faustino, et un ami policier, Eddie Apodaca (page 27). Les deux hommes avaient pénétré, par la brèche, dans l’ovni, et en étaient ressortis peu après, apparemment très troublés… Quant aux petits « aliens », ils avaient disparu ! Des militaires étaient-ils venus les prendre la veille ? On ne le sait pas.
Il y a un troisième témoin, Sabrina, nièce de José Padilla qui avait été recueillie par le père de José, Faustino. Elle n’était pas encore née à la date du crash, mais elle avait connaissance de l’histoire et avait visité, seule, la zone brûlée du crash. Elle a été interviewée également par Paola Harris et a confirmé un certain nombre d’éléments de l’histoire. Soulignons que les souvenirs de ces trois témoins se recoupent assez bien, malgré les années, et une longue séparation. Cependant, il faut bien le dire : même si l’on ajoute à ces trois témoins une petite poignée de témoignages indirects, cela fait très peu de témoins du crash, contrairement à celui de Roswell, avec ses dizaines de témoins crédibles, que l’on ne compte plus !
Jacques Vallée, dans sa réplique à l’article de Donald Schmitt, intitulée « Les autres leçons de Trinity », insiste sur un autre témoignage que, selon lui, on aurait négligé : celui d’un pilote de bombardier B-29 qui volait dans la région et que l’on avait envoyé inspecter les lieux car l’ovni avait heurté une « tour relais importante » (la « tour Marconi », aujourd’hui disparue), Ce pilote aurait vu l’ovni écrasé, et deux « garçons indiens », à proximité ! Pour ma part, j’ai un peu de mal à prendre au sérieux ce témoignage, recueilli plus tard, car ça ne devait pas être facile de piloter un bombardier quadrimoteur dans cette région montagneuse, à une altitude assez basse pour repérer deux jeunes indiens, à cheval, près de l’ovni… Attention de ne pas s’écraser à son tour ! Sur le « Big Road Atlas USA », on relève notamment, à environ 30 kilomètres à l’ouest de Socorro et de San Antonio, la « Obola National Forest » avec un sommet à plus de 10 000 pieds.
En cherchant bien dans le livre, on trouve l’histoire brièvement relatée dans une note à la fin du livre (note 29, page 326). Avec une erreur : un B-49 au lieu d’un B-29 Joël Mesnard m’a précisé que le B-49, une « aile volante » Northrop, n’existait pas en 1945. On en a construit deux prototypes seulement, et deux ans plus tard, mais oublions ce détail. Ce témoignage est très indirect, rapporté par Bill Brothy, le fils du pilote en question, du nom de William Brothy. Excusons les lecteurs, à qui cette curieuse petite note en fin de livre avait échappé. En outre, les deux témoins principaux, José et Reme, n’ont pas dit qu’ils avaient vu passer le bombardier. Il me semble qu’un gros quadrimoteur comme le B-29 n’aurait pas dû passer inaperçu.
Des militaires décontractés
La suite du récit de Rémé, enregistrée par Paola Harris, n’est pas très claire, mais on comprend que les deux garçons sont retournés seuls sur les lieux, le surlendemain, et c’est alors qu’ils ont vu des militaires « ramasser des choses ». Ils étaient enfin là ! Ils avaient une ou deux jeeps et étaient repartis le soir, à la nuit tombée (page 30) Ils avaient donc bien laissé l’ovni sur place la nuit sans être gardé. Selon le calendrier établi par les auteurs (page 117), c’est seulement sept jours plus tard, le samedi 25 août, que l’engin, chargé sur un camion semi-remorque, aurait été embarqué.
Pour ma part, je trouve ce récit très surprenant, surtout comparé à celui de Roswell (qui est à environ une heure de route à l’est), survenu deux ans plus tard, sur lequel on a de nombreux témoins, en particulier les deux soldats qui avaient passé une nuit à garder l’ovni et des cadavres sur place pour la nuit, armés avec l’ordre de tirer sur d’éventuels intrus ! Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, je les invite à lire mon dernier livre, Roswell. La vérité (Presses du Châtelet,, 2017) ou à visiter mon blog http://bourdais.blogspot.com (voir articles sur le crash de Roswell). Ils y trouveront le récit détaillé, avec les nombreux témoins. Notamment des témoignages de militaires ayant participé au nettoyage très poussé, pendant plusieurs jours, du vaste champ de débris sur le ranch Foster.
Ce qu’ont raconté les deux témoins, en revanche, qui ont passé la semaine à observer discrètement les soldats, c’est que ceux-ci n’étaient pas toujours là. Selon Rémé, « Ces soldats étaient des jeunes, et ils allaient souvent, à l’Owl Bar & Café » (page33), leur lieu de restauration à San Antonio, dans la vallée. Remarquons qu’il fallait sans doute pas mal de temps pour y aller. Selon Rémé, « Les soldats vont et viennent, ils mangent au restaurant voisin pendant que les enfants, sans surveillance, ramassent des objets sur le flanc de la colline et en gardent des morceaux pour jouer plus tard » (page 34). Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils avaient été ‘décontractés’, alors que cela se passait à une trentaine de kilomètres du site « Trinity » de la première bombe atomique de l’histoire, dans une région étroitement surveillée (et espionnée) !
Des débris semblables à ceux de Roswell ?
Que faisaient ces soldats autour de l’ovni ? Ils ramassaient des débris du crash. José raconte que les soldats étaient peu motivés par ce travail et le faisaient de manière négligente : « ls ont juste donné des coups de pied dans ce qui restait. Vous voyez, ils étaient censés ramasser ça, l’emballer et le mettre dans une boîte, ou quelque chose du genre, pour l’emporter. Ils ne l’ont pas fait, ils étaient trop paresseux pour travailler. Ils sont juste allés l’enfoncer dans une petite crevasse, vous savez, ils ont mis de la terre par-dessus. » (page110).
Pourtant, si on lit bien les témoignages, il y en avait beaucoup. Incidemment, On ne voit pas bien, d’ailleurs, comment une simple brèche avait pu produire autant de débris. Cela dit, il fallait aussi aménager une route pour pouvoir venir charger l’engin sur un gros camion avec remorque. Le quatrième jour, le sergent Avila était venu demander à Faustino, - poliment ! - l’autorisation de faire le travail sur son ranch. Encore un aspect curieux, quand on sait avec quelle brutalité l’armée s’est comportée à Roswell, deux ans plus tard avec les habitants, selon les nombreux témoins.
Citons d’abord des débris ramassés par les militaires, et les deux garçons, qui ressemblent assez à ceux de Roswell. Ils décrivent, en effet :
Un détail curieux : ces filaments étaient assez coupants pour les mains. Or les témoins racontent qu’ils ont été utilisés par des habitants du voisinage, notamment pour décorer des sapins de Noël. Autre hypothèse : étaient-ce des fibres optiques, inconnues à l’époque ? Un détail analogue a été cité par un témoin de Roswell, Gerald Anderson, début 1990 Lieu : la plaine de San Agustin (déjà !). Anderson avait cinq ans, il visitait la plaine avec ses parents, et il a raconté qu’ils avaient vu une soucoupe accidentée, avec des cadavres. Il a été soutenu par Stanton Friedman, dans son livre Crash at Corona paru en 1992 (où Friedman parlait de deux crashes, suite à une collision entre deux soucoupes…). Ce témoin avait été écarté, après enquête de Kevin Randle, qui avait suscité une polémique violente dans les colonnes du Mufon UF9O journal, au début des années 90. J’ai raconté l’histoire dans plusieurs livres et articles. Il avait été défendu par un membre du Mufon, John Carpenter, que j’ai rencontré en 2000 au congrès de Laughllin, au Nevada. Celui-ci m’a avoué qu’il s’était rendu compte qu’Anderson était bien un imposteur.
Je rappelle une autre piste douteuse de découverte supposée d’un ovni accidenté dans la région. Elle était due, cette fois, au témoignage écrit du « cameraman » mystérieux qui aurait vendu le film de l’autopsie supposée d’un « extraterrestre de Roswell », à Ray Santilli, petit producteur de musique londonien. La diffusion du film par ce dernier en 1995, dont certains se souviennent sans doute, avait provoqué un beau scandale qui avait coûté à Jacques Pradel son émission à TF1. En quelques mots, un ovni accidenté aurait été découvert un peu plus au nord, entre Socorro et Magdalena. Le cameraman avait donné une petite carte, et plusieurs enquêteurs s’étaient lancés sur cette piste, mais elle avait fait long feu. Les enquêteurs, dont Michael Hesemann (dans son livre Beyond Roswell ), ont raconté qu’ils étaient observés à distance, sur le terrain par un homme avec des jumelles ! C’était une vraie fausse piste. Qui s’en souvient encore aujourd’hui ?
Mais revenons à Trinity. Les deux témoins disent avoir trouvé dans l’ovni une pièce métallique que José Padilla aurait prise à l’insu des militaires, et qui fait couler beaucoup d’encre aujourd’hui.
Le débat sur la pièce métallique, arrachée par José dans l’ovni
José Padilla a raconté à Paola Harris que, le dernier jour avant que l’ovni soit embarqué par les militaires, le samedi 25 août (voir le calendrier page 117), il avait profité d’une absence des militaires pour pénétrer dans l’ovni, déjà installé sur la remorque, et avait réussi à dérober une pièce métallique fixée sur une paroi, au moyen d’un pied de biche ! Il ne manquait pas de culot, ce jeune garçon. Cette pièce métallique, restée longtemps cachée par José et Rémé, a fini par arriver dans les mains de enquêteurs, dont Jacques Vallée. C’était bien une pièce de fabrication humaine (dimensionnée en millimètres, précise Vallée) que les militaires auraient accrochée là, Vallée suppose, dans sa réplique à Donald Schmitt (« Les autres leçons de Trinity »), qu’ils l’avaient installée pour « y remplir une fonction électrique vitale ».
Cependant, d’autres enquêteurs du Mufon l’ont bien identifiée comme une pièce d’éolienne, banale, servant à l’orienter dans le sens du vent (voir plus loin leurs conclusions). Si, c’est bien cela, que diantre faisait-elle là dans l’ovni ?? Selon Jacques Vallée et Paola Haris, les gamins avaient caché la pièce (c’était leur « tésoro ») dans une cabane de la ferme, qui avait été occupée quelque temps par des bergers. Il faut bien mentionner ici un épisode particulièrement curieux du livre. Ces bergers ont raconté qu’une nuit, trois petits êtres étranges (comme ceux de l’ovni ?) avaient fait intrusion dans leur cabane et leur avaient réclamé le « tesoro » des deux garçons. Mais ils étaient repartis bredouilles, en traversant un mur ! Là, il faut tout de même se pincer un peu pour y croire. Mais je laisse de côté cet épisode à haute étrangeté, que je ne sais pas comment évaluer. et je remets les pieds sur terre avec les enquêtes pointues du Mufon sur cette histoire.
Des enquêtes, très critiques, réalisés pour le compte du Mufon
Ce qu’il faut absolument citer ici, c’est l’enquête réalisée par des experts pour le Mufon (Mutual Ufo Network : le plus ancien et le plus important organisme d’enquêtes américain), dont je cite maintenant les conclusions. Elles sont dues à James Clarkson, un ancien policier et enquêteur respecté. Elle porte, non seulement sur cette pièce métallique controversée, mais d’abord sur un autre aspect tout aussi controversé, la présence de plantes supposées toxiques qui auraient été semées sur le lieu du crash, dans le but de cacher des débris qui y seraient encore enterrés… Voici les conclusions du « SAT » , la « Special Assignement Team » du Mufon.
___________________________
James E. Clarkson, Directeur Washington State MUFON
Star Team & Special Assignments Team
Conclusions :
*Outre les tests de gravité spécifique effectués par Frank Kimbler sur des échantillons provenant du prétendu artefact OVNI, nous avons reçu, au cours de l'enquête SAT, une copie d'un rapport de P.A. Budinger, scientifique analytique, de Frontier Analysis, Ltd. identifié comme le rapport n° UT090. Ce rapport est daté du 31 octobre 2015 et la section suivante est citée directement du rapport :
UT 90 Conclusions :
Les deux échantillons de métal ont des compositions identiques. Il s'agit
principalement d’alliages d'aluminium, cuivre et silicium. De petites quantités d'autres éléments sont présentes. Cette composition est connue et se compare à l'aluminium coulé de la série
3XX.X (possibilités : 301, 302, 308, 318, 319, 320, 328 322) et de la série 2XX.X (possibilités : 208, 222, 238, 296).
(Je n'ai pas inclus les déclarations purement hypothétiques sur les "extraterrestres voyageant dans le temps", etc.)
FIN du rapport.
James E. Clarkson, Directeur Washington State MUFON
Star Team & Special Assignments Team
______________________
Ovni et bombe atomique : un lien entre les deux événements ?...
Un autre aspect curieux du livre est l’insistance des auteurs à rapprocher ce crash supposé avec l’essai de la première bombe atomique, sur le site de « Trinity » un mois plus tôt, le 16 juillet 1945. C’est le sujet du premier chapitre : « Jumbo et le Gadget ». Le « gadget » était le nom de code de la bombe à Los Alamos, et « Jumbo » était le surnom d’un énorme cylindre pour des essais de confinement de matériaux radioactifs, qui avait été amené sur le site (photo page 7). Au chapitre 6 « Ground Zero », puis au chapitre 12 « Une trinity de secrets », Vallée compare la bombe atomique – le gros modèle sphérique au plutonium qui avait été testé à White Sands -, avec l’ovni, et l’énorme cylindre « Jumbo » de plus de 200 tonnes (voir la figure page 24). Je regrette de dire que ce rapprochement me semble incongru, sinon par une vague analogie de forme, et je ne crois pas utile d’insister là-dessus.
Encore un mot sur la bombe. Les deux témoins ont fait eux aussi un rapprochement avec la bombe atomique, puisqu’ils ont publié, en 2010, un livre intitulé Born on the edge of Ground Zero. Living in the shadow of Area the 51. Le titre fait aussi référence à la Zone 51, déjà associée à l’époque à des recherches secrètes sur les ovnis. Mais c’est assez incongru car, en 1945, la Zone 51, située d’ailleurs assez loin de là, au Nevada, n’abritait encore que des cactus et des « serpents à sonnettes » !
Un dernier commentaire, sur la comparaison à faire avec le crash de Roswell.
Pour terminer cette revue critique de Trinity, je voudrais revenir brièvement sur le crash de Roswell. plutôt mal vu dans ce livre, comme je l’ai dit. Voici une manière simple de saisir l’importance de cette histoire. Le fait de base, qui a ouvert le dossier de Roswell, est le célèbre communiqué de presse du 8 juillet 1947, qui avait annoncé la découverte d’un « disque volant » accidenté, en pleine vague d’observation de ces mystérieux disques dans tout l’Ouest des Etats-Unis. Certes, il avait été démenti le soir-même, à Fort Worth, par le général Ramey, qui avait montré à quelques journalistes les débris pitoyables d’un ballon météo et de sa cible radar désarticulée. Voilà ce que les aviateurs d’élite de Roswell avaient pris pour une soucoupe, expliqua le général ! Les témoins du crash, militaires civils, se sont tus pendant trente ans, mais le cas a refait surface dans les années 80 et 90, si bien que le Pentagone a sorti en 1994 une autre histoire : on avait caché que c’était un train de ballons « Mogul » ultra-secret pour détecter les futurs essais atomiques soviétiques. En fait, il s’agissait d’une vingtaine de ballons météo avec quelques modestes instruments. Or ces petits ballons, gonflés à l’hélium, ne peuvent exploser, et ne pouvaient donc causer le vaste champ de débris, d’un kilomètre de long, découvert par le fermier Brazel sur le ranch Foster. J’ai obligé Karl Pflock, promoteur de Mogul, à l’admettre lorsque je l’ai rencontré en juillet 1995 au symposium annuel du Mufon, à Seattle. Autrement dit, le communiqué de presse de Roswell reste un point fort aujourd’hui, même s’il ne dit pas tout. J’ai également rencontré à Roswell, en 1995, l’ancien lieutenant Walter Haut qui avait été chargé de diffuser ce communiqué de presse. Il avait beaucoup insisté sur le fait qu’il y avait une discipline très sévère sur cette base. Il était devenu directeur du musée de Roswell sur les ovnis, mais je crois qu’il avait essayé de me faire comprendre qu’il était encore tenu au secret et qu’il ne pouvait pas tout me dire. En fait, il a révélé plus tard, dans un écrit divulgué par sa fille en 2005 après sa mort, que son chef, le colonel Blanchard, l’avait emmené voir brièvement l’ovni (sans doute une nacelle de sauvetage) et des cadavres, que l’on venait de transporter dans un hangar de la base ! Il y a des secrets qui durent longtemps mais qui finissent par émerger, peu à peu.
Notes sur l’Ovni du Petit-Rechain : vrai ou faux canular ?
Gildas Bourdais, 28 7 2011
Un Belge anonyme a « révélé » qu’il avait fabriqué la célèbre photo d’ovni du Petit-Rechain, en 1990, avec quelques collègues pour s’amuser, et il s’est finalement décidé à l’avouer vingt et un après après.
Première remarque : la plupart des médias, grands et petits, ont aussitôt répercuté cette « information », sans se poser la question de sa véracité.
La règle du jeu semble être : si quelqu’un révèle un canular, pas besoin d’enquêter longuement, c’est « plié », comme on dit aujourd’hui. L’info a été lancée par une télévision belge, RTL TVI, le mardi 26 juillet ; dès le 28 après-midi, elle est déjà affichée au Figaro, à l’Express, à TF1, etc. Nul doute que cela va continuer dans les prochains jours.
Deuxième remarque. Pourquoi l’auteur de la photo, anonyme en 1990, le reste-t-il encore aujourd’hui ? Ainsi, il est le seul témoin, et encore, difficile à joindre. Et pourquoi 21 ans après ?
Au Nouvel Observateur, une jeune stagiaire, puis trois journalistes intrigués contactent le responsable de la SOBEPS qui, seul, connaissait l’auteur de la photo, mais il a juré de ne pas dévoiler son identité et tient parole. Cependant, ils arrivent à le joindre, grâce à leurs contacts journalistiques. Il raconte son histoire en demandant seulement que l’on préserve son anonymat. On ne sait que son prénom et l’initiale de son nom : Patrick M. Curieusement, sa photo est partout !
Il est donc très difficile de vérifier, de recouper ses dires. Impossible, par exemple de rechercher les anciens collègues de son usine avec qui il dit avoir fait la maquette. Voir l’article :
« Peut-on être célèbre et rester anonyme pendant 20 ans ? »
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/176421;peut-on-etre-celebre-et-rester-anonyme-pendant-20-ans.html
Autres remarque, sur la question de sa crédibilité
On devrait, au minimum, lui demander de refaire sa maquette et sa photo devant des témoins indépendants (pas seulement un quarteron de sceptiques). Mais ce sera impossible tant qu’il restera anonyme.
Il est intéressant de se reporte au livre de la SOBEPS « Vague d’Ovni sur la Belgique », tome 1, 1991.
On y lit son témoignage, et celui de son amie, Mlle S. pages 413 à 416.
C’est dans le chapitre 7 « Vidéo films et photographies, de Patrick Ferryn, enquêteur SOBEPS.
Celui-ci raconte qu’il a rencontré P. M., jeune ouvrier métallurgiste (tourneur-ajusteur) de vingt ans, en août 1990, avec un collaborateur régional, Guy Blesser. La photo avait été prise le 4 ou le 7 avril, sans qu’il fut possible de préciser davantage. P. M. « n’avait en effet accordé que peu d’intérêt au document. Il s’était contenté de le montrer à quelques amis et connaissances. Son amie, étudiante de 18 ans, fit de même auprès de ses camarades de classe et certains professeurs. La diapositive fut ensuite remisée au fond d’un tiroir. Ce n’est que plus tard qu’un collègue de travail eut l’occasion d’en faire part à un photographe de presse établi en ville, M Guy Mosset. Ce dernier réalisa le parti qu’il pouvait éventuellement en tirer et acquit les droits contractuels d’exploitation médiatique du document. Il en fit tirer des copies qu’il diffusa sans beaucoup de succès auprès de quelques agences. »
Finalement, la photo intéressa la station RTL TVi, puis d’autres médias.
Autre détail, plutôt amusant dans le contexte actuel : P. M. fit développer son film en l’adressant à un laboratoire par la poste. Il n’avait pris que deux photos de l’ovni – pardon, de sa maquette ! - et encore, la dernière était noire, et il l’avait jetée.
A la SOBEPS, ils essayèrent de vérifier la photo en construisant une maquette avec une plaquette en bois, percés de petits trous garnis d’ampoules de 1,5 volts. Ils firent des centaines d’essais, sans parvenir à un résultat comparable !
Est-il besoin de le souligner, ce récit de l’époque ne colle pas du tout avec celui d’aujourd’hui. Il serait prudent de tenter d’en savoir plus avant de proclamer partout qu’un canular a été démasqué ! Et si le vrai canular était le démenti d’aujourd’hui ?
Autre remarque : aussitôt, le camp des sceptiques exulte, et pratique l’amalgame habituel : on vous l’avait bien dit, tout ça, la vague belge, Trans-en-Provence, Roswell, etc., c’est du pareil au même, de la foutaise. On trouve par exemple cette perle sur RTL Loisir :
« Souvenez-vous : en avril dernier nous vous révélions que la soucoupe volante qu’un pilote de chasse américain avait cru apercevoir dans le ciel du Nouveau-Mexique n’était en fait qu’un ballon météo en perdition. Les petits bonshommes verts n’ont donc jamais atterri à Roswell.
Aujourd’hui c’est le cliché de l’OVNI de Petit-Rechain qui est démonté par son auteur. »
Ceci rejoint des bêtises que j’ai relevées dans un autre texte, sur Roswell, que je vais commenter par ailleurs.
Dernière remarque : le photographe Guy Mosset a bien vendu, pendant des années, les droits de reproduction de la photo, assez chers d’ailleurs à l’époque. Si c’était un faux, il y avait bien là une petite filouterie, au moins de la part de « l’auteur ». C’est du propre !
Gildas Bourdais
Merci à notre ami Gildas de nous avoir adressé la primeur de son texte au RDO.