Les mains fantomatiques de Daniel -Dunglas Home

Daniel-Dunglas Home produisait surtout des mains qui caressaient ou qui déplaçaient des objets. Expérimentant avec ce médium, William Crookes en a vu se former en pleine lumière.

« Une petite main d'une forme très belle, relate l'illustre physicien anglais, s'éleva d'une table de salle à manger et me donna une fleur; elle apparut, puis disparut à trois reprises différentes, en me donnant toute facilité de me
convaincre que cette apparition était aussi réelle que ma propre main. Cela se passa à la lumière, dans ma propre chambre, les pieds et les mains du médium étant tenus par moi pendant ce temps.

« Dans une autre circonstance, une petite main et un petit bras, semblables à ceux d'un enfant, apparurent, se jouant sur une dame qui était assise près de moi. Puis l'apparition vint à moi, me frappa le bras et tira plusieurs
fois mon habit. « Une autre fois, un doigt et un pouce furent vus arrachant
les pétales d'une fleur qui était à la boutonnière de M. Home et les déposant devant plusieurs personnes assises auprès de lui.

« Nombre de fois, moi-même et d'autres personnes avons vu une main pressant les touches d'un accordéon, pendant qu'au même moment nous voyions les deux mains du médium qui, quelquefois, étaient tenues par les personnes placées près de lui. »

Ces mains étaient souvent vaporeuses au poignet et au bras; elles étaient tantôt froides et inertes, tantôt chaudes et vivantes; en certains cas, leur genèse et leur disparition progressives furent observées.

« Les mains et les doigts, écrit W. Crookes, ne m'ont pas toujours paru être solides et comme vivants. Quelquefois, il faut le dire, ils offraient plutôt l'apparence d'un nuage  vaporeux en partie sous forme de main... J'ai
vu plus d'une fois un objet se mouvoir d'abord, puis un nuage lumineux qui semblait se former autour de lui, et, enfin, le nuage se condenser, prendre une forme, et se changer en une main parfaitement faite. A ce moment,
toutes les personnes présentes pouvaient voir cette main.

Cette main n'est pas toujours une simple forme; quelquefois elle semble parfaitement animée et très gracieuse; les doigts se meuvent et la chair semble être aussi humaine que celle de toutes les personnes présentes. Au poignet ou au bras, elle devient vaporeuse et se perd dans un nuage
lumineux.

« Au toucher, ces mains paraissent quelquefois froides comme de la glace et mortes; d'autres fois, elles m'ont semblé chaudes et vivantes et ont serré la mienne avec la ferme étreinte d'un vieil ami. « J'ai retenu une de ces mains dans la mienne, bien résolu à ne pas la laisser échapper. Aucune tentative ni aucun effort ne furent faits pour me faire lâcher prise, mais,
peu à peu, cette main sembla se résoudre en vapeur, et ce fut ainsi qu'elle se dégagea de mon étreinte. »

Les expérimentateurs demandaient parfois à ces mains fantomatiques, visibles ou invisibles, d'écrire des messages, mais elles y parvenaient rarement. Relatant l'un de ces essais, William Crookes écrit : « Cette manifestation eut lieu à la lumière, dans ma propre chambre et seulement en présence de M. Home et de quelques amis intimes. Plusieurs circonstances, dont il est inutile de faire le récit, m'avaient montré que le pouvoir de M. Home était très fort ce soir-là.

J'exprimai donc le désir d'être témoin de la production d'un message
écrit par une main médiumnique.
« Immédiatement, il nous fut donné la communication
 suivante : « Nous essayerons. » Quelques feuilles de papier et un crayon avaient été placés au milieu alors le crayon se leva sur sa pointe, s'avança
vers le papier avec des sauts mal assurés et tomba.

Puis il se releva et tomba encore. Une troisième fois il essaya, mais sans obtenir de meilleur résultat. Après ces trois tentatives infructueuses, une petite latte, qui se trouvait à côté sur la table, glissa vers le crayon et s'éleva à quelques pouces au-dessus de la table, le crayon se leva de
nouveau, et, s'étayant contre la latte, ils firent ensemble un effort pour écrire sur le papier.

 Après avoir essayé trois fois, la latte abandonna le crayon et revint à sa place; le crayon retomba sur le papier, et un message alphabétique nous dit : « Nous avons essayé de satisfaire votre demande, mais c'est au-dessus de notre pouvoir. » En revanche, au cours d'une séance donnée par
D.-D. Home aux Tuileries à l'intention de Napoléon III et de l'Impératrice Eugénie, une petite main couleur d'albâtre, bien faite, élégante même, analogue, semble-t-il, à celle de Napoléon 1er, donna quelques lignes d'écriture qui furent considérées comme étant un autographe de l'illustre
empereur. (D'après l'enquête de la Société Dialectique de
Londres et de D.-D. Home lui-même.)

Tous les assistants virent cette main prendre un crayon qui était sur une table et écrire sur une feuille de papier. Le bruit de l'écriture fut entendu. Puis la main, après avoir passé devant Daniel Home, vint tout près de Napoléon III qui l'embrassa. Elle alla ensuite vers l'Impératrice, qui se
recula pour ne pas la toucher, mais elle la suivit. L'Empereur dit.alors : « Ne craignez rien, embrassez-la! » Ce que fit l'Impératrice et la main disparut. Home ayant manifesté le désir de la revoir, elle réapparut brusquement et
le médium l'embrassa à son tour. « La sensation éprouvée au toucher et à la pression, dit-il, était bien celle d'une main naturelle. Elle semblait tout à fait aussi matérielle que l'est actuellement la mienne. »

Home donnait rarement naissance à des figures et à des formes complètes. Crookes en observa cependant avec ce médium à deux reprises différentes : chez moi, je vis s'agiter les rideaux d'une fenêtre qui était environ à 8 pieds de distance de M. Home. Une forme sombre, obscure, demi transparente, semblable à une forme humaine, fut aperçue par tous les assistants, debout près de la croisée et cette forme agitait le rideau avec sa main. Pendant que nous la regardions, elle s'évanouit et les rideaux cessèrent de se mouvoir. »

Le cas qui suit est encore plus frappant. « Comme pour l'expérience précédente, M. Home était le médium. Une forme de fantôme s'avança d'un coin de la chambre, alla prendre un accordéon, et ensuite glissa dans l'appartement en jouant de cet instrument. Cette forme fut visible pendant plusieurs minutes pour toutes les personnes présentes, et, en même temps, on voyait aussi M. Home.

Le fantôme s'approcha d'une dame qui était assise à une certaine distance du reste des assistants; cette dame poussa un cri, à la suite duquel l'ombre disparut. » II est évident que la simulation de ce phénomène est impossible par les moyens de l'illusionnisme.

Fin de la première partie du dossier, prochain dossier les ectoplasmes vaporeux d'Eusapia Paladino

Ce texte est extrait du livre : les mystères du surnaturel par Robert Tocquet aux Ed. J'ai Lu 1974. (pages 7 à 12)